14.9.15

Very bad trip III

Putain, tu devrais voir ma gueule en ce lundi cauchemardesque… Des cernes plein les yeux, une barbe de trois jours, la bouche pâteuse et une humeur massacrante… Un de ces jours où tu n’as rien envie de faire, rien envie de manger et surtout, pas envie de croiser qui que ce soit, à commencer par un fan de tennis qui va te tenir des théories sur le film d’horreur qu’on a vu hier soir. Car c’en était bien un, oui.

Ainsi donc, après Wimbledon 2014 et 2015, Roger Federer a de nouveau pris une claque en finale par son (nouveau) pire ennemi. La troisième défaite de suite en finale d’un Grand Chelem et ce même sentiment que dans un grand jour, un très grand jour plutôt, le Maître aurait eu la place pour passer. Mais, à l’instar du traumatisme Nadal qui a hanté le Bâlois pendant plusieurs années, on peut désormais parler de «complexe Djokovic». Qu’on le veuille ou non, l’homme aux 17 Majeurs n’y arrive pas face au Serbe et semble se bloquer lors des moments-clés. Sinon, comment expliquer toutes ces occasions de break ratées ? Certes, Djokovic a souvent sorti du lourd sur ces balles de break, mais il y en a en tout cas une dizaine que le Suisse a vendangée bêtement.

On ne va pas refaire cette finale, mais la fin du troisième set est évidemment LE tournant du match. Alors que Djokobite était dans les cordes, le Bâlois n’a pas su porter l’estocade et faire ce putain de break. Une fois de plus, ça s’est joué au mental et à ce niveau-là, le Serbe lui est nettement supérieur. Ça me fait mal de le dire mais mentalement parlant, Novak Djokovic est le plus grand joueur de tous les temps. Tennistiquement ça reste Federer bien sûr, mais au jour d
’aujourd’hui, ça ne suffit plus pour gagner un Grand Chelem...

(Pfffffffrrrrrr...)

Quant à la fin de ce calvaire, ce fut tout simplement la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et l’ultime coup de poignard pour tous les fans de Rodgeur présents au stade ou derrière leur télé. Alors que le numéro 2 mondial venait de réaliser un retour d’anthologie et était en passe de recoller à 5-5, se procurant même trois balles de break dans une ambiance de Coupe Davis, il offrait le tournoi à Djokovic sur la première balle de match. En l’espace de 60 secondes, le salon dans lequel on regardait cette finale est passé de l’euphorie à la déprime… Je quittais l’appart de mon pote avec une gueule d’enterrement et prenais un taxi qui traversa une ville déserte, un vieux lundi de septembre à 5 heures du mat, dans une ambiance de fin du monde. Il me faudra plusieurs clopes pour me calmer et trouver le sommeil…

10 heures plus tard, le moral est toujours au plus bas, les regrets toujours aussi présents et l’aigreur toujours aussi tenace. Aujourd’hui, j’aimerais pouvoir passer à autre chose, penser à autre chose et sourire à la vie. Aujourd’hui, j’aimerais pouvoir être digne dans la défaite et féliciter le vainqueur du jour. Désolé, c’est malheureusement trop m’en demander. Beaucoup trop.

10.9.15

La ballade des gens heureux

Oui, je ressors une nouvelle fois ce titre, hymne du fabuleux triomphe de la Suisse en Coupe Davis. Mais après ce qu’on a vécu hier soir, comment ne pas penser à la fameuse chanson de Gérard Lenorman ? Ainsi donc, pour la première de l’histoire du tennis suisse, du sport suisse, deux de nos compatriotes s’affronteront en demi-finale d’un tournoi du Grand Chelem. C’est un truc de fou, un événement légendaire, un rendez-vous mythique pour le sport helvétique et une raison de plus de se dire que nous, les passionnés de tennis de ce coin de pays, on est décidément bénis des dieux !

Pour préparer au mieux ce blockbuster que toute l’Amérique attend, les organisateurs de l’US Open ont eu la bonne idée d’organiser deux matches exhibitions pour mettre nos deux champions dans les meilleures conditions. C’est ainsi que Richard Gasquet et Kevin Anderson ont été désignés comme sparring-partners pour ces deux entraînements en public. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le Français et le Sud-Africain ont joué leur rôle à merveille. Stan devait exercer ses retours de service ? Anderson s’est appliqué à envoyer du lourd en première et deuxième balles, jusqu’à ce que le gamin soit parfaitement réglé en retour et lui inflige trois breaks dans le troisième. Rodgeur devait exercer sa volée et ses montées au filet ? En jouant court et en ne mettant aucune puissance dans ses frappes, Gasquet lui a laissé tout loisir de réviser la panoplie complète de ses coups d’attaque. Que Magnus Norman et Stefan Edberg n’hésitent pas à refaire appel à eux, ou même Séverin Lüthi avant une rencontre de Coupe Davis, histoire de changer un peu des Lammer, Chiudinelli ou autres Bossel.

Bref, un petit entraînement de 1h30 chacun, à un rythme de sénateur, qui permet ainsi aux numéros 2 et 5 mondiaux d’arriver frais et disposés pour disputer – enfin – un vrai match de tennis. Et avec de l’enjeu, cette fois. On espère d’ailleurs que les spectateurs présents à ces matches de démonstration étaient invités par les organisateurs. Ou alors que les fonds récoltés par la billetterie seront reversés à des associations humanitaires, comme c’est souvent le cas après ce genre de manifestation. C’est juste dommage que les joueurs n’aient pas agrémenté ces matches de gags à la Yannick Noah ou Mansour Bahrami, ça aurait un peu égayé ces rencontres et amusé les spectateurs.

Voilà les amis, c’est une grande page de l’histoire du sport suisse qui se déroulera devant nos yeux sur le plus grand court du monde. Vendredi, Big Apple sera rouge et blanche, mangera du rösti, boira de l’Ovomaltine et écoutera le cor des Alpes ! Mais surtout, ô grâce, ô magie, Big Apple aura la chance de voir s’affronter 19 titres du Grand Chelem sur le même court. Que le meilleur gagne et, surtout, qu’il aille ensuite au bout !

9.9.15

Moneytime in New York !

Ça y est, le fameux moneytime – si cher aux footballeurs, basketteurs ou autres hockeyeurs – est arrivé à Flushing Meadows. Dans un haut du tableau décimé, la logique a été respectée avec la qualification pas si brillante du numéro 1 mondial Djokobite et celle – un poil plus surprenante – du tenant du titre Marin Cilic, l’homme qu’on avait perdu de vue cette saison et qui ne joue bien qu’à New York… Pas grand-chose à dire sur ce haut du tableau aussi excitant qu’un Angleterre – Suisse dans le cimetière de Wembley, sauf peut-être que Rafael Nadal a bouclé son année noire en Grand Chelem par un échec mortifiant face à l’un de ses pires ennemis. Rafa ne fait décidément plus peur et on en viendrait presque à avoir de la compassion pour lui (non quand même, je déconne).

Le bas du tableau, lui, donne un peu plus de rêve, même si ce n’est pas non plus le Nirvana, hein. On est bien sûr pas tout à fait neutres parce qu’on vibre aux exploits de nos Suisses préférés. Rodgeur, en mode démo depuis Cincinnati, n’en finit plus de régaler les foules avec son tennis flamboyant et offensif. Tellement offensif qu’il a réussi à inventer un nouveau coup : le «Sabr», Sneak Attack By Roger, soit son retour-volée frappé en demi-volée… Plus que jamais, Roger Federer est au tennis ce que Mozart est à la musique classique : un génie.

En quarts, le Bâlois affrontera l’une de ses victimes préférées, Richard Gascoke, dans un match que l’on pourrait baptiser le «derby des revers à une main». Si tu veux devenir fou derrière ta télé, regarde le match sur Eurosport et écoute les commentaires pro-français des gaillards… Je me suis envoyé la fin de Tsonga – Cilic hier soir et c’était à en devenir malade ! Les mecs réussissaient à se réjouir d’une double faute du Croate. Franchement, le jour où je serai devenu aussi con, merci de me le dire, j’arrêterai d’être consultant sur le champ…

De son côté, Stan est en quarts de finale et personne ne s’en émeut, ou presque. Wawrinka en quart d’un Majeur, c’est devenu une évidence. Comme quoi le gamin a vraiment franchi un palier ces deux dernières saisons et fait désormais partie des cracks du tennis mondial. Pour preuve cette stat impressionnante : le Vaudois a atteint son neuvième quart de finale en Grand Chelem sur les onze dernières levées. Il est d’ailleurs le seul joueur du circuit, avec Djokovic, à avoir atteint ce stade lors des quatre Majeurs de l’année. Chapeau gamin ! Bon maintenant, on compte sur lui pour mettre fin à son «complexe Anderson» et à nous offrir cette demi-finale rêvée face à Rodgeur.

Et un dernier truc en guise de conclusion, bravo aux organisateurs pour la construction de ce somptueux nouveau toit ! Ils sont quand même forts ces Ricains. Ainsi donc et sans surprise aucune, Roland Garros reste le seul tournoi du Big Four sans toit… En tout cas, s’ils attendent une victoire d’un Français en Grand Chelem pour lancer les travaux, on ne le verra pas de notre vivant !