Very bad trip III
Putain, tu devrais voir ma gueule en ce lundi cauchemardesque… Des cernes plein les yeux, une barbe de trois jours, la bouche pâteuse et une humeur massacrante… Un de ces jours où tu n’as rien envie de faire, rien envie de manger et surtout, pas envie de croiser qui que ce soit, à commencer par un fan de tennis qui va te tenir des théories sur le film d’horreur qu’on a vu hier soir. Car c’en était bien un, oui.
Ainsi donc, après Wimbledon 2014 et 2015, Roger Federer a de nouveau pris une claque en finale par son (nouveau) pire ennemi. La troisième défaite de suite en finale d’un Grand Chelem et ce même sentiment que dans un grand jour, un très grand jour plutôt, le Maître aurait eu la place pour passer. Mais, à l’instar du traumatisme Nadal qui a hanté le Bâlois pendant plusieurs années, on peut désormais parler de «complexe Djokovic». Qu’on le veuille ou non, l’homme aux 17 Majeurs n’y arrive pas face au Serbe et semble se bloquer lors des moments-clés. Sinon, comment expliquer toutes ces occasions de break ratées ? Certes, Djokovic a souvent sorti du lourd sur ces balles de break, mais il y en a en tout cas une dizaine que le Suisse a vendangée bêtement.
On ne va pas refaire cette finale, mais la fin du troisième set est évidemment LE tournant du match. Alors que Djokobite était dans les cordes, le Bâlois n’a pas su porter l’estocade et faire ce putain de break. Une fois de plus, ça s’est joué au mental et à ce niveau-là, le Serbe lui est nettement supérieur. Ça me fait mal de le dire mais mentalement parlant, Novak Djokovic est le plus grand joueur de tous les temps. Tennistiquement ça reste Federer bien sûr, mais au jour d’aujourd’hui, ça ne suffit plus pour gagner un Grand Chelem...
(Pfffffffrrrrrr...)
Quant à la fin de ce calvaire, ce fut tout simplement la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et l’ultime coup de poignard pour tous les fans de Rodgeur présents au stade ou derrière leur télé. Alors que le numéro 2 mondial venait de réaliser un retour d’anthologie et était en passe de recoller à 5-5, se procurant même trois balles de break dans une ambiance de Coupe Davis, il offrait le tournoi à Djokovic sur la première balle de match. En l’espace de 60 secondes, le salon dans lequel on regardait cette finale est passé de l’euphorie à la déprime… Je quittais l’appart de mon pote avec une gueule d’enterrement et prenais un taxi qui traversa une ville déserte, un vieux lundi de septembre à 5 heures du mat, dans une ambiance de fin du monde. Il me faudra plusieurs clopes pour me calmer et trouver le sommeil…
10 heures plus tard, le moral est toujours au plus bas, les regrets toujours aussi présents et l’aigreur toujours aussi tenace. Aujourd’hui, j’aimerais pouvoir passer à autre chose, penser à autre chose et sourire à la vie. Aujourd’hui, j’aimerais pouvoir être digne dans la défaite et féliciter le vainqueur du jour. Désolé, c’est malheureusement trop m’en demander. Beaucoup trop.